Le Fuji-san a fêté le 22 juin 2015 le deuxième anniversaire de son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. En 2013, la nouvelle avait remué le cœur des Japonais, qui ne manquent pas une occasion de contempler le volcan. De loin, à bord d’un train ou du haut de la Tôkyô Sky Tree, à 105 km. De près, aussi. Un site web, créé en 2013 par le ministère de l’environnement, offre des informations utiles aux visiteurs japonais, comme étrangers : itinéraire, règlementation, équipement recommandé et mesures d’urgence ; les anglophones ne sont plus en reste. Pourtant, les problèmes environnementaux ne sont pas entièrement réglés.
Plus de 100 millions de personnes visitent le mont Fuji et ses alentours chaque année, dont la région des cinq lacs. Selon le département de Yamanashi, en 2014, ils étaient 3 millions à se rendre à la 5e station de Fuji Subaru, soit 14% de plus qu’en 2013. Mais peu partent à l’assaut du sommet (3 774 m), accessible par quatre chemins : l’année dernière, de juillet à mi-septembre, entre 40 et 8 803 alpinistes ont été comptés quotidiennement à proximité du pic. Cette attirance n’est pourtant pas si récente.
« Juste avant les jeux olympiques de Tôkyô, en 1964, la Subaru-line a été inaugurée », rappelle Naoko Aoki, directrice de l’association Fuji-san Club. « Cette route va jusqu’à la 5e étape, à 2 300 m, du côté du département de Yamanashi, ce qui a permis aux touristes d’y accéder facilement en voiture. Les distributeurs automatiques étaient déjà implantés un peu partout. À cette époque, les canettes recouvraient les chemins de montagne. »
La population a peu à peu pris conscience de la nécessité de préserver cet environnement. « En 1973, dans le plateau d’Oze, a commencé le mouvement du « Retour des déchets à la maison » », indique Mme Aoki. Cette politique, appliquée sur le mont Fuji, a donné de bons résultats. Les sentiers de montagne ont été nettoyés à plusieurs reprises et, à partir des années 1980, le nombre de déchets a nettement diminué.
Il reste que cette coutume est très peu connue par les visiteurs étrangers. « Au mont Fuji, des panneaux du ministère de l’environnement et du département de Yamanashi indiquent en anglais : « Jeter des ordures est interdit », explique Naoko Aoki. Dans le même temps, au centre d’information, il est précisé : « Pas de poubelle. » Les gens qui lisent ces panneaux peuvent donc se demander comment faire pour jeter leurs déchets dans des poubelles alors qu’il n’en existe pas. »
Une taxe pour l’entretien des toilettes
La réputation de la montagne sacrée est atteinte par un autre problème environnemental : les excréments humains laissés sur les chemins d’ascension par les alpinistes. Pour y remédier une taxe d’entrée dans la montagne, appelée « taxe de collaboration pour la conservation du mont Fuji », a été mise en place. Son but est de participer à l’entretien des toilettes au-delà de la 5e étape, dont la capacité d’accueil peut atteindre 200 % en été, et ainsi de concourir à la protection du milieu.
La somme, 1 000 yens (7,50 euros) par personne, est facile à retenir : il s’agit du billet sur lequel est représentée le célèbre volcan. Mais ce versement n’est pas obligatoire. « En été 2014, seulement 56 % des alpinistes du côté de Yamanashi et 41 % des alpinistes du côté de Shizuoka ont versé cette contribution, précise Mme Aoki. Je pense que cette faible participation s’explique par le manque d’informations claires. » Une solution devra être trouvée, car un plan de conservation est attendu par l’Unesco d’ici février 2016.
Un havre de nature
Plus qu’un patrimoine mondial, la montagne divinisée est avant tout une partie du parc national de Fuji-Hakone-Izu. Il en existe aujourd’hui trente dans le pays. Ces vastes réserves de nature, qui ont commencé à voir le jour dans les années 1930, ont été désignées pour sensibiliser la population à la préservation de la faune et de la flore. « Mais une enquête a révélé que seulement 30 % des visiteurs du mont Fuji savent qu’il s’agit d’un parc national », indique la directrice du Fujisan Club. Une meilleure communication sur ce point, par exemple lors du paiement d’une taxe à l’entrée de la montagne, améliorera la connaissance et l’attitude des visiteurs. D’autant plus que la fréquentation pourrait connaître un pic lors des Jeux olympiques d’été qui se dérouleront à Tôkyô en 2020.