On connaît beaucoup la société japonaise par le biais de ses représentations stéréotypées : un pays riche, propre et travailleur, mais bien moins ses côtés sombres. C’est pourquoi aujourd’hui nous vous proposons une image un peu moins belle du Japon en abordant la question des Sans Domicile Fixe (SDF).
La pauvreté est un problème qui va en s’amplifiant au Japon, avec 16% de la population concerné en 2013. Ce taux englobe toutes les personnes vivant avec la moitié du revenu moyen japonais. Les personnes les plus touchées par la pauvreté sont les jeunes qui n’ont pas réussi à trouver de travail, les familles monoparentales, ainsi que les personnes âgées. Fort heureusement, tous ne sont pas sans-abris. Ceci s’explique par le nombre de travailleurs par intérim, estimé à environ 40% des travailleurs.
Et pourtant, il y aurait plus de 20 000 personnes sans-abris au Japon. Certains se sont volontairement séparés de leur famille afin d’échapper aux dettes ; d’autres ne les contactent pas par honte de leur condition. La plupart d’entre eux sont des hommes. Ils vivent dans les parcs municipaux, sous les ponts ou en bordure des rivières et fleuves, dans des abris reconnaissables car souvent protégés de bâches bleues.
Le gouvernement, quant à lui, a pendant longtemps fait comme si la pauvreté n’existait pas, et de nos jours, encore peu de choses sont entreprises pour améliorer la vie de ces personnes. Pour commencer, le système d’emploi est en faveur des employeurs, qui accordent de moins en moins de Contrats à Durée Indéterminée (CDI), et font de plus en plus appel aux intérimaires. Ces travailleurs par intérim sont payés bien moins cher que les employés fixes, et doivent cotiser eux-même pour leur couverture sociale, lorsqu’il le peuvent.
De nombreux travailleurs précaires, notamment dans le secteur du BTP, perçoivent un salaire journalier et sont dans l’incapacité de payer un loyer mensuel, a fortiori dans les grandes villes. Ces gens vivent généralement dans des quartiers où l’on paye donc son loyer à la journée, même si certains préfèrent passer la nuit dans des net cafés ou des manga cafés, qui leur proposent souvent à prix abordable, un accès internet, de quoi se laver et se restaurer. D’autres encore arrivent à survivre en collectant des canettes, des journaux ou encore des cartons.
En 2013, il a été rapporté que le gouvernement employait des SDF pour nettoyer les déchets radioactifs de la région de Fukushima. En plus d’être payés bien en dessous du salaire minimum par heure, nombre d’entre eux se sont retrouvés là après avoir été recrutés par des yakuzas.
Il existe bien entendu des associations qui viennent en aide aux gens dans le besoin, souvent sous forme de distribution de nourriture, ainsi que des aides du gouvernement. Mais n’y prétend pas qui veut : selon une étude, moins de 20% des personnes qui y ont droit touchent cette aide, dont plus de 80% appartenant aux catégories des personnes âgées ou en situation de handicapé. Ceci tient du fait que pour en bénéficier, la personne doit justifier d’un revenu, d’une condition physique, ainsi que faire preuve de motivation pour trouver un emploi – qui relève plus du critère subjectif.
Quoi qu’il en soit, il semble que les japonais soient attachés à leur dignité même dans des conditions de vie extrêmes. Il semble que de nombreux sans domiciles fixes se sentent coupable de l’échec de leur carrière et ont honte de devenir assistés, ne cherchant pas à demander les aides auxquelles ils ont droit, ou bien se refusant même à mendier dans la rue.