Le Japon et la Corée ont toujours été très liés historiquement, étant donné leur grande proximité. Avec la restauration de Meiji, en 1868, le Japon se développe à grande vitesse et décide de mettre en place une politique d’extension territoriale. Celle-ci a pour but, d’une part, de montrer au reste du monde que le Japon est une aussi grande puissance que les pays colonialistes, et d’autre part, d’agrandir le territoire d’un pays insulaire restreint.
La Corée est officiellement annexée le 22 août 1910 et subit alors l’occupation japonaise jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, soit durant trente-cinq ans. Dès lors, leurs relations deviennent compliquées et les tensions grandissent. Même si, comme d’autres pays colonialiste, le Japon a développé les infrastructures, l’agriculture et le secteur industriel, il a également causé de nombreux torts. Par exemple, l’exploitation des ressources naturelles ou l’emploi de main d’œuvre coréenne à bas coût. Au quotidien, le Japon impose la langue nippone, allant jusqu’à adapter les noms de famille et à récompenser les citoyens coréens parlant un japonais courant. Mais l’une des pratiques qui, aujourd’hui encore, fait polémique est le recours aux « femmes de réconfort ». Ces centaines de milliers de jeunes filles et femmes, dont de nombreuses coréennes, forcées à se prostituer pour l’armée japonaise.
Face à l’oppression japonaise, deux groupes se distinguent et commencent la résistance. A leur tête, deux hommes d’état, Syngman Rhee et Kim Il-sung.
D’un côté, Syngman Rhee se réfugie à Shanghai et trouve du soutien chez les pays qui formeront l’Alliance durant la Seconde Guerre Mondiale. De l’autre, Kim Il-sung lutte plus activement en Mandchourie. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, tous deux deviennent présidents, le premier installé par les américains au Sud de la Corée, le second par les russes au Nord, divisant le pays.
La Corée du Nord, suite à la Guerre de Corée dans les années 1950, ferme ses frontières, et prône une politique communiste d’autosuffisance. Mais le pays fait enlever de nombreux étrangers, de la fin des années 1970 au début des années 1980, vraisemblablement afin qu’ils enseignent leur langue à des fins d’espionnage.
Au Japon, ces enlèvements auraient eu lieu entre 1977 et 1983. Dix-sept cas d’enlèvement ont été reconnus par le gouvernement japonais, mais ce chiffre pourrait en réalité s’élever à deux cent personnes. L’histoire de Megumi Yokota, enlevée en 1977 à l’âge de treize ans, touche particulièrement le Japon. On ne découvre que vingt ans plus tard que la jeune fille est encore vivante et vit à Pyongyang.
En 2001, le nouveau Premier Ministre, Jun’ichirô Koizumi entame une politique de réconciliation avec la Corée du Nord. Il réinstalle le dialogue entre les deux pays, et se rend personnellement à Pyongyang à deux reprises. A l’occasion de la première rencontre en 2002, Koizumi présente ses excuses pour les atrocités commises pendant la guerre. Kim Jong-il ayant succédé à son père Kim Il-sung, après avoir toujours nié les faits, reconnaît pour la première fois les affaires d’enlèvements, pour lesquelles il s’excuse à son tour. C’est, probablement par intérêt pour l’argent qui lui était proposé, que Kim Jong-il cède. Sur les dix-sept victimes d’enlèvement identifiées par le Japon, la Corée du Nord n’en reconnaît que treize. Elle déclare également que huit d’entre elles sont déjà décédées. Les cinq autres sont autorisées à se rendre au Japon, mais aucune ne reviendra en Corée du Nord.
Cependant, les relations diplomatiques tournent court. Le Japon n’est pas satisfait des réponses données concernant les huit japonais décédés, d’autant qu’après analyse, les restes rendus aux parents de Megumi Yokota ne correspondent pas à l’ADN de celle-ci. De son côté, la Corée du Nord demande des réparations suite aux dommages causés par l’occupation nippone. A cela vient s’ajouter le changement de Premier Ministre au Japon et la menace nucléaire grandissante de la Corée du Nord.
La Corée du Nord commence ses recherches sur le nucléaire vraisemblablement en 1965, lorsque la Chine lui fournit un modèle de réacteur de recherche. La Corée du Nord signe le traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 1985 mais des recherches clandestines sur l’arme nucléaire sont déjà en cours dès le début des années 80. Depuis, la Corée du Nord s’est retirée du TNP en 2003 et aurait effectué trois essais atomiques en sous-sol, et un essai de bombe à hydrogène. Si ces essais ne concernent pas directement le Japon, ils ne sont pas moins préoccupants si l’on y ajoute les nombreux tirs de missiles balistiques, de portée plus ou moins grande, effectués régulièrement depuis 2006 (juste avant la fin du mandat de Koizumi) et généralement en direction du Japon.
Face à cette menace grandissante le Premier Ministre japonais actuel, Shinzô Abe, a réussi en 2016 à élargir l’interprétation de l’article 9 de la Constitution japonaise en faisant passer une nouvelle loi qui donne le droit aux forces d’auto-défense japonaises de venir militairement en aide à un allié, tel que les États-Unis d’Amérique, très présents dans la région et particulièrement impliqué contre la Corée du Nord.
Car les États-Unis ont un grand rôle à jouer dans cette histoire. Tout d’abord la menace qu’ils représentaient durant la Guerre de Corée et la Guerre Froide peut expliquer le lancement des recherches sur le nucléaire. Depuis, les USA n’ont eu de cesse de se montrer méfiant envers toute installation nucléaire en Corée du Nord, qui a souvent utilisé cette méfiance pour justifier la reprise de ses activités. Les événements récents semblent même dessiner un début de conflit qui pourrait s’avérer destructeur pour les deux parties, ainsi que pour le reste du monde.