Je n’aime guère le café mais il faut admettre que c’est un remarquable vecteur de lien social. Le café offert ou reçu réchauffe et rassure ; le temps d’un café, des inconnus se parlent, les tensions tombent, les gens s’humanisent… C’est du moins ce qui ressort de Coffee Time (珈琲時間) de Tetsuya Toyoda (豊田 徹也), 17 nouvelles initialement parues dans le 月刊アフタヌーン, entre 2008 et 2009, et publiées en 2014 chez Ki-oon.
Hormis quelques personnages récurrents, comme le réalisateur italien Antonio Morelli et sa malheureuse violoncelliste, les histoires de Toyoda sont autant d’électrons libres ayant pour seuls liens le café, et une certaine unité de ton. Si l’humour est de mise dans la plupart des récits – comme dans cette histoire où un homme se retrouve à jouer les baby-sitter au lieu de cajoler sa jolie collègue de travail – la tonalité est souvent sombre. La personnalité exubérante et mythomane de Morelli fait figure d’exception. Dominent plutôt les personnages mélancoliques, au passé douloureux, à peine esquissé, les visions d’avenir apocalyptiques (Lost in the flood), et autres fantasmagories inquiétantes (Girafes). On a l’impression que rien ne tourne très rond dans l’univers de Toyoda… sauf le café.
Car finalement, c’est à cela que l’on revient, le rôle de la tasse magique qui permet de se poser, de se recentrer et de repartir ; le café – et la sociabilité qu’il implique – comme lien à la vie et comme moyen de revenir à elle. Comme le dit le sympathique italien : « Une bonne tasse de café et une chanson à fredonner suffisent à adoucir le quotidien ». Vous y songerez peut-être lors de la prochaine pause café.