Le 6 août 1945, la première bombe atomique de l’histoire effaçait la ville d’Hiroshima de la carte. Aujourd’hui encore, neuf pays dans le monde posséderaient environ 15 000 ogives. Depuis, chaque année, une cérémonie en l’honneur des victimes, les « hibakusha », se tient devant le mémorial érigé dans le centre-ville.
Ce moment solennel est également l’occasion depuis 1994 pour le Premier ministre du Japon de rappeler la politique du pays en faveur du désarmement nucléaire global ; politique incarnée par la Flamme de la Paix qui brûle depuis 1964. Alors que les débats concernant la réforme de la politique de défense permettant aux forces d’autodéfense japonaises d’exercer leur droit à la légitime défense collective et d’opérer avec moins de restrictions à l’extérieur du territoire national continuent d’enflammer la scène politique, le Premier ministre Shinzô Abe a de nouveau provoqué la controverse en choisissant dans son discours de ne pas faire mention des trois grands principes qui guident le Japon en matière d’armement nucléaire (非核三原則 Hikaku San Gensoku).Définis en 1967 par le Premier ministre Eisaku Sato et repris dans une résolution de la Diète, ces principes rappellent que le Japon ne possèdera jamais d’armes nucléaires, n’en fabriquera jamais et ne permettra jamais l’introduction de telles armes sur son territoire. Pour son engagement envers le désarmement nucléaire global, Eisaku Sato recevra le Prix Nobel de la Paix en 1974.
Politique officielle du pays depuis et rappelée par tous les dirigeants du pays, y compris par Abe lors de son premier mandat en tant que Premier ministre en 2007, la non-inclusion de ces principes par le Premier ministre cette année a provoqué la controverse parmi la classe politique et notamment au Parti démocrate du Japon. Au cours d’une conférence de presse, le Secrétaire général du gouvernement Yoshihide Suga a cependant tenu à rappeler qu’il n’était aucunement question de revenir sur les trois principes. Le discours a également provoqué l’inquiétude parmi les représentants des victimes des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki.
Nul doute que cette nouvelle controverse ne permettra pas d’apaiser les débats au sein du Parlement actuellement occupé à voter la réforme de la politique de défense après un premier passage devant la Chambre des Représentants. Le 5 en effet, répondant à la question d’un parlementaire, le ministre de la défense Gen Nagatani a affirmé que «légalement» rien n’empêchait le transport d’armes nucléaires au Japon dans les nouveaux textes de lois.
sauf que Abe a aussitôt rectifié le tir lors de son discours à Nagasaki en réaffirmant les trois principes de 1967