TOKYO – Les parents d’une jeune Japonaise enlevée par la Corée du Nord ont minimisé la portée d’un retrait de Pyongyang de la liste américaine des « Etats terroristes », affirmant que le Japon disposait de moyens de pression économique pour faire entendre raison au régime communiste.
« Les conséquences pratiques d’un retrait de la liste américaine seraient limitées sur le plan économique et la Corée du Nord aurait toujours besoin d’une aide japonaise pour se développer », a expliqué mercredi Shigeru Yokota, le père de Megumi, enlevée à 13 ans par les services secrets nord-coréens.
La Corée du Nord a reconnu en 2002 avoir enlevé 13 Japonais au total dans les années 70 et 80, pour qu’ils enseignent la langue japonaise à ses espions. Elle en a libéré cinq, affirmant que les huit autres étaient morts. Tokyo affirme pour sa part que 17 personnes ont été enlevées au total.
Ce contentieux est l’un des principaux obstacles à une normalisation entre le Japon et la Corée du Nord qui n’ont pas de relations diplomatiques et la question reste très sensible dans l’archipel.
« Nous demandons aux Etats-Unis de nous aider, mais nous ne leur demandons pas de régler ce problème », a nuancé M. Yokota, pour qui la question « doit être résolue par le gouvernement japonais ».
Même si Pyongyang est retiré de la liste noire américaine, « il y aura toujours des moyens de pression économique pour le gouvernement japonais » à exercer contre la Corée du Nord, a-t-il estimé, en évoquant les sanctions commerciales décrétées par Tokyo contre son voisin.
Les commentaires des parents de Megumi, qui rappellent la position officielle du gouvernement japonais, contrastent avec les réactions très critiques des familles après l’annonce le 26 juin par le président américain George W. Bush de la procédure de retrait de Pyongyang de la liste des « Etats terroristes ».
« Je ne suis pas censé appeler le président des Etats-Unis +un traître+. Mais je ne peux m’empêcher d’être déçu », avait alors déclaré Teruaki Masumoto, le chef de l’association des familles de kidnappés.
Le Japon interdit les importations en provenance de Corée du Nord et barre depuis 2006 l’accès à un ferry qui reliait les deux pays.
Tokyo a toutefois décidé à la mi-juin d’autoriser de nouveau les vols charter depuis la Corée du Nord et l’entrée sur son territoire des Nord-Coréens, après l’annonce par Pyongyang qu’il rouvrait une enquête sur les kidnappés, un dossier qu’il considérait comme clos.
Une levée partielle des sanctions jugée précoce par les familles de victimes.
« Le gouvernement Fukuda se dit prêt à lever les sanctions si des +progrès+ sont faits dans le dossier (…). Mais pour nous, la réouverture de l’enquête n’est pas un progrès », a souligné M. Yokota.
Il a rappelé que les familles demandaient au gouvernement de ne pas lever les sanctions avant des progrès tangibles « permettant aux personnes enlevées de revenir ».
Tokyo devrait même « renforcer les sanctions si la Corée du Nord ne respectait pas sa promesse et retardait cette nouvelle enquête », selon M. Yokota.
Il a ajouté que les autorités japonaises devaient « convaincre les Etats-Unis de ne pas retirer la Corée du Nord de la liste si ce pays n’agit pas concrètement » pour régler le problème.
AFP