La Corée du Nord se prépare au lancement du satellite « Kwangmyongsong-3 ». Ce projet serait l’un des derniers vœux de Kim Jung Il, l’ancien dirigeant nord-coréen, rendant ainsi, du point de vue de Pyongyang, le processus du lancement irréversible.
Au cours d’une réunion, probablement tenue à New York le 15 décembre dernier (trois jours avant l’annonce publique du décès du leader communiste), des officiels nord-coréens ont porté cette nouvelle à la connaissance de Washington: le président nord-américain Barrack Obama aurait lancé un « signal d’avertissement fort » à la Corée du Nord pour que ce projet ne puisse être mené à son terme… Selon les services de renseignements sud-coréens, le vecteur a été déplacé et se trouverait à l’heure actuelle sur le site de son décollage (Tongchangri): le compte-à-rebours a commencé…. Ce tir masquerait un essai de missile de longue portée, et à ce titre le Japon a pris des mesures préventives.
Le Conseil de sécurité du Japon, présidé par le Premier ministre, Yoshihiko Noda, s’est décidé à la mise en place d’un double dispositif de défense: le déploiement de trois destroyers (probablement les destroyers Kirishima, Myoko et Chokai) équipés du système antimissiles Aegis (mer de Chine, mer du Japon, océan Pacifique) et la mise en batterie de missiles antimissiles « Patriot » sur les îles de Miyakojima, Ishigakijima (situées à l’extrême sud de la préfecture d’Okinawa) et sur l’île principale d’Okinawa. Le gouvernement japonais ne tentera aucune interception au moment de leur vol au-dessus de son territoire. Toutefois, en raison du risque de chute de débris de la fusée sur le territoire nippon, des tirs préventifs d’interception pourraient être effectués. Un bouclier antimissile pourrait aussi être déployé pour protéger la zone urbaine tôkyôïte.
Le président Barrack Obama, arrivé en Corée du Sud la veille du sommet du Sommet global sur la Sécurité nucléaire qui s’est tenu à Séoul (26-28 mars 2012), s’est rendu dans la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées pour affirmer la solidarité des États-Unis au gouvernement sud-coréen (répétée ostensiblement à la presse en marge du sommet). Un soutien militaire surtout: un contingent de 28 500 hommes, commandé par le général James Thurman, est toujours en position dans ce pays dans l’éventualité d’une attaque nord-coréenne massive. La crise nord-coréenne était, parmi d’autres dossiers brûlants (l’Iran, le Pakistan…) à l’ordre du jour des discussions. En parallèle de la rencontre internationale, le chef de l’État chinois (Hu Jintao) a eu des entretiens séparés avec ses homologues sud-coréen (Lee Myung Bak) et japonais (Yoshihiko Noda) et leur a assuré sa volonté de réitérer ses interventions pour dissuader Pyongyang de mener le projet à son terme.
Sur la tribune, le 27 mars 2012, le Premier ministre japonais, s’exprimant officiellement à l’assemblée des chefs de gouvernements réunis à Séoul, a mis la Corée du Nord en garde. Il a rappelé que le lancement d’un missile sous couvert d’un satellite civil portait atteinte aux efforts de la communauté internationale en matière de non-prolifération et serait une violation de la résolution ad hoc des nations unies (résolution no 1 874 du Conseil de sécurité interdisant à la Corée du Nord de procéder à des lancements de satellites à l’aide de technologies militaires).
La grande perdante de cette partie est la population sous-alimentée nord-coréenne : l’échec du programme « dénucléarisation contre nourriture » leur promet des jours encore bien sombres et difficiles à l’ombre d’un régime mis au ban de la communauté internationale…