La galerie Eric Mouchet, à Paris, propose jusqu’au 23 décembre les clichés d’Eikô Hosoe pour le mythique album Barakei autour de la figure de l’écrivain Yukio Mishima.
Faisant partie de cette génération marquée par la Seconde Guerre, Hosoe intégrera divers groupes de photographes et d’artistes qui mèneront le Japon vers l’Art Contemporain et les créations novatrices. Mettant en scène le créateur de la danse Bûto, Tatsum Hijikata, le photographe, acquiert une véritable notoriété dès le début des années 1960.
« Je suis votre modèle, photographiez-moi à votre gré, M. Hosoe »
Voilà ce qu’aurait dit Mishima lors de leur première rencontre dans le but de faire une photo de couverture d’ouvrage. De cette collaboration naîtra un ouvrage en 1963 : Barakei. Le titre évocateur utilise les kanjis Bara (rose) et Kei (punition) : Killed by roses ou l’Ordalie par les roses présente un Mishima mis en scène dans des décors occidentaux, souvent nu et faisant référence à des tableaux célèbres comme le Saint Sébastien qui hypnotisa l’auteur de Confession d’un masque.
Au-delà d’un jeu évocateur de son homosexualité, c’est le chemin vers l’abstraction que Mishima voulait initier : « […] que les objets photographiés puissent avoir quelque signification dont on pourra les dépouiller ». Ce dépouillement conduit logiquement, au fil des différentes parties, à une disparition, une mort que le corps de l’écrivain affronte à travers la rose et ses épines, corps nu et volontiers prêt à la mort et la jouissance. Cet album permet d’illustrer une part importante des thèmes et penchants de Mishima dans ses œuvres. On n’est jamais loin des amants torturés de ses nouvelles ou des corps qui se cachent et se dévoilent : en tout cas une prégnance physique et corporelle qui jouera son rôle jusqu’au bout lors du suicide de l’écrivain par hara-kiri en 1970.
Des clichés rares et mythiques à voir jusqu’au 23 décembre 2016 dans la galerie Eric Mouchet, à Paris