Il y a en japonais pas moins de six verbes qui se prononcent はかる et possèdent des sens assez proches, si bien qu’il est aisé de les confondre. On peut les diviser en deux groupes : trois d’entre eux ont le sens général de planifier/décider (図る、諮る、謀る), deux signifient plutôt mesurer (測る、量る), et le dernier, 計る, peut avoir les deux sens. Je vous propose de les étudier les uns après les autres pour voir en quoi ils se distinguent.
はかる avec le sens de mesurer
Commençons par les verbes les plus fréquents, 測る、量る et 計る. Tous servent à mesurer, mais ils ne mesurent pas la même chose.
測る sert à mesurer la longueur, la profondeur, la largeur ou la surface de quelque chose.
Ex : 運動場の面積を測る (うんどうじょうのめんせきをはかる) : mesurer la surface du stade.
Au sens figuré, 測る signifie aussi présumer, soupeser pour deviner.
量る sert à mesurer le poids, le volume et la quantité.
Ex : 荷物の重さを量る (にもつのおもさをはかる) : peser le poids des bagages
Il a le sens figuré de deviner, particulièrement les sentiments ou les pensées. On le retrouve dans 推し量る (おしはかる), qui a exactement ce sens :
Ex : 私は母の心を推し量りました。(わたしはははのこころをおしはかりました) Je devinai les sentiments de ma mère.
計る signifie lui aussi mesurer, avec la nuance de calculer, compter (on retrouve ce sens dans 計算する, けいさんする). Il est utilisé notamment pour les chiffres ou pour mesurer le temps.
Ex : 水中に潜った時間を計る (すいちゅうにもぐったじかんをはかる) : calculer le temps passé en plongée sous l’eau.
はかる avec le sens de planifier et décider
Des quatre verbes qui ont le sens de planifier/décider, 計る et 図る sont ceux qui ont le sens le plus large. Ils peuvent être employés lorsqu’on parle d’établir un plan pour l’avenir du pays, pour la construction d’une ligne de chemin de fer, etc.
Le verbe 計る est cependant moins employé dans ce sens que 計画する (けいかくする).図る est en revanche assez fréquent. Il a la nuance de « tendre à », « faire des efforts pour » :
Ex : 生徒の学力向上を図るための調査 (せいとのがくりょくこうじょうをはかるためのちょうさ) Une enquête visant à améliorer le niveau scolaire des élèves.
謀る a un sens beaucoup plus spécifique, celui de planifier un mauvais coup, de manœuvrer dans l’ombre, comploter. On retrouve le kanji 謀 dans 陰謀 (いんぼう、complot, machination), un mot que je ne peux plus oublier depuis que j’ai regardé NHKにようこそ.
Ex :殺人を謀る (さつじんをはかる) : planifier un meurtre.
À noter que si c’est un suicide qui est planifié, on emploie 図る (自殺を図る、じさつをはかる), probablement parce qu’il n’y a pas d’intention de nuire à autrui.
Enfin, 諮る (peu fréquent) a plutôt le sens de décider quelque chose en consultant une assemblée.
Ex :議長は会議に諮つて決める (ぎちょうはかいぎにはかってきめる) Celui qui préside la réunion tranche après avoir consulté l’assemblée
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Bien entendu, quand on ne sait plus quel verbe employer, on peut toujours s’en tirer en écrivant はかる en kana, c’est la magie du japonais ! それでは、また。
Bien gentil de mettre les mots et verbes en kanji mais lorsque vous ne savez pas les lire, difficile de les retenir, Pouvez-vous aussi les mettre en römaji ?
arigatö gozaimasu.
Ne pas utiliser le romaji est un choix délibéré. Je ne pense pas qu’on puisse véritablement apprendre le japonais (ou toute autre langue) sans apprendre son système d’écriture. Je transcris donc les exemples en kana, pour faciliter la tache de ceux qui ne connaissent pas les kanji, mais je ne donne pas de transcription en romaji pour inciter les uns et les autres à apprendre au moins les kana. Ce n’est pas aussi difficile qu’on le croit et quand on s’y met vraiment (c’est-à-dire sans utiliser le romaji comme béquille), cela devient vite naturel, après une petite phase d’adaptation. Bon courage !
C’est une chose qu’il faudrait dire au japonais aussi, avec leur mauvaise habitude d’écrire tous les mots étrangers en katakana, ils devraient prendre l’habitude de lire les mots étrangers en alphabet, au pire mettre au dessus des furiganas. Trop souvent les katakanas donne du n’importe quoi.
Cette remarque est assez juste, les imports de mots étrangers transcrits en katakana ne sont pas toujours évidents à comprendre. Et passer par les katakana pour apprendre à prononcer une langue étrangère, comme le font certains japonais, c’est le meilleur moyen de tout déformer. Néanmoins, quand les japonais apprennent à lire une langue étrangère, ils apprennent nécessairement l’alphabet latin, sinon ils restent enfermés dans un tout petit périmètre de supports d’apprentissage. C’est la même chose lorsqu’on n’apprend le japonais : si l’on n’apprend ni kana, ni kanji, on est vite bloqué et limité à quelques supports destinés aux étrangers. Impossible d’accéder à la vraie langue (manga, romans, web, correspondants…). Ce qui est quand même bien dommage, non ?
Cormault souligne quand même le fait qu’il y a sans doute des lecteurs curieux de connaitre certaines expressions grâce à votre site d’information sans pour autant se lancer dans l’apprentissage.
Dans ce cas là , le romaji donne une information (justement!) sur les expressions décrites.
Pourquoi pas mettre les deux? Kana et romaji, comme en surtitre et sous-titre de l’expression du jour.
Ca pourrait inciter des lecteurs qui n’y connaissent absolument rien à s’intéresser à l’écriture plutôt que de les laisser dans une interrogation qui leur ferait survoler l’article.
Le titre est bien en romaji. 😉
« Pourquoi ne pas mettre les deux? » 😛
Si ça ne tenait qu’à moi, je ne mettrais même pas la transcription en kana, parce que je suis paresseuse et que je sais qu’il existe des outils comme Rikaichan qui permettent d’obtenir la prononciation des kanjis qu’on ne connaît pas 🙂 Si je transcris en kana, c’est à la demande du directeur de publication du site.
Honnêtement, je ne pense pas qu’un article qui explique des différences entre plusieurs kanji puisse passionner des personnes qui ont décidé de ne pas aller au-delà du romaji. Parce que cela ne leur sera pas directement utile, tout simplement.
Quant au titre, c’est vrai que je l’ai laissé cette fois en romaji (ce que je n’ai pas toujours fait) parce que j’ai cru comprendre que cela avait une incidence sur l’indexation par les moteurs de recherche.
Au final, je suis peut-être trop exigeante avec mes lecteurs, mais c’est parce que j’ai une haute opinion d’eux ! 🙂
Je comprends. ^^
Merci en tout cas Lili pour ces pages toujours aussi passionnantes!
Bonjour Lili, merci pour cet article, et joyeux noël !
Je viens de découvrir ce site – j’apprends le japonais et, effectivement, j’ai découvert les subtilités des verbes comme « はかる”; pas toujours facile de les retenir ! En fait, j’ai facilement intégré celui là « 量る », puisque le kanji qui le compose signifie « lourd ». Pour les autres, le mot « mesurer » revenait souvent. Mais parfois, c’était plus « mesurer, calculer » ou encore « mesurer, comploter »
« 諮る » : je ne le connaissais pas (c’est la première fois que je le vois)
J’aime beaucoup l’étude des kanji. C’est intéressant d’apprendre à les écrire, de découvrir leur(s) signification(s). A force d’en apprendre, ils s’écrivent assez facilement : ils se composent souvent de kanji « simples » : 日、火、言、王…
Merci Lana, joyeux Noël à toi aussi. Je partage ton goût pour les kanji. Attention quand même à 量る : ce n’est pas le kanji pour lourd 重, même si ça ressemble un peu.量 est composé de 旦 (aube) et 里(village).
En tout cas, tu as raison, décomposer les kanji est un bon moyen de les retenir.
Merci beaucoup pour ta correction, pardon de répondre si tard, j’ai si honte ! Et en plus, j’ai vraiment illustré ma propension à confondre les kanji @_@ !
Merci beaucoup !! Courage, je ne vais pas baisser les bras ! Grâce à toi, j’ai trouvé un moyen de mémoriser 量 ! Merci encore !
Même pour une Japonaise comme moi, ce sujet n’est pas évident du tout. En Japonais, quand pas encore il n’existait pas de Kanji, on n’avait que le son. Tout à nuance!