par Pascale Denis et Nicks Antonovics
PARIS (Reuters) – Malgré un contexte macroéconomique qui s’annonce moins porteur, Hermès International anticipe une croissance de son chiffre d’affaires d’au moins 10% en 2008, à taux de change constants, et une rentabilité stable.
« En 2008, hors effets de change, nous aurons une croissance d’au moins 10% (…) avec un maintien de notre rentabilité au niveau de 2007 », a déclaré à Reuters jeudi Patrick Thomas, gérant du groupe de luxe, lors d’une interview.
Hermès a publié jeudi un chiffre d’affaires 2007 de 1.625,1 millions d’euros, très légèrement supérieur au consensus des analystes (1.601 millions), affichant une progression de 12,5% à taux de change constants et une forte accélération (+15,6%) au quatrième trimestre.
« Le début d’année 2008 est bon, au moins aussi bon que le 4e trimestre de 2007 », a-t-il indiqué.
Vers 13h25, le titre avance de 2,2% à 70,12 euros à la Bourse de Paris, surperformant son indice de référence qui recule de 1,3% au même moment.
Patrick Thomas a précisé que la rénovation et l’agrandissement de son magasin phare du Faubourg Saint-Honoré, à Paris, avait permis d’augmenter de trois points de pourcentage la croissance des ventes en France au 4e trimestre (+14,0% à 105,4 millions d’euros).
Les ventes d’Hermès en 2007 ont été particulièrement dynamiques dans la soie (+16%), les vêtements et les accessoires (+13%) et les parfums (+20%). Elles ont augmenté de 7,7% dans la maroquinerie, tandis qu’elles ont quasiment stagné dans l’horlogerie (+0,7%, avec un recul de 2,7% au 4e trimestre).
FAIBLESSE DU MARCHE NIPPON
Patrick Thomas a expliqué que les ventes de montres avaient été pénalisées par la fermeture, au Japon, de points de vente qui ne correspondaient plus au niveau de qualité exigé par le groupe. Il a ajouté que la refonte de sa distribution nippone pèserait encore sur les ventes d’horlogerie en 2008, avant une reprise attendue en 2009.
Malgré l’incertitude sur la croissance mondiale, Patrick Thomas s’est dit confiant pour l’exercice en cours, y compris aux Etats-Unis, mais surtout en Asie, en dehors du Japon.
Hermès prévoit d’ailleurs d’ouvrir trois magasins en Chine cette année, dont un de 500 m2 à Pékin, un à Séoul et un à Hong Kong. Deux ouvertures sont prévues aux Etats-Unis.
Au Japon, qui compte pour 24% du chiffre d’affaire total d’Hermès, le groupe prévoit une croissance de ses ventes de 3% en 2008, identique à celle de 2007, « en tenant compte d’une augmentation des prix, qui va être de près de 8%, ce qui fait une régression en volume », a souligné Patrick Thomas.
« Le Japon est en train de s’équiper pour une récession durable. Nous réagissons en offrant des produits plus accessibles (…) Là-bas, un ‘Kelly’ a augmenté de 60% en trois ou autre ans , c’est assez dissuasif », a-t-il dit.
En dehors du Japon, la croissance, hors effet de change, devrait atteindre 18% en Asie, contre 15% en 2007, tandis qu’elle devrait ralentir sur le continent américain à 12% (contre 15%) ainsi qu’en Europe, à environ 10% (+18,4% en 2007).
Patrick Thomas a précisé que le groupe avait augmenté ses prix en janvier au Japon (+6%) et aux Etats-Unis (+9%), pour compenser l’effet de la baisse des devises, ajoutant que le groupe était couvert pour toute l’année sur le dollar à un taux de 1,38 et sur le yen à 158,00.
Il a estimé l’impact des changes à 2,5 points des ventes d’Hermès sur l’ensemble de l’année.
Interrogé sur la politique d’acquisition du groupe, il n’a pas exclu la reprise « d’une belle maison, ayant une image un peu unique dans son domaine », dans un secteur pouvant être totalement différent du sien, à condition qu’il s’agisse de produits « tout à fait exceptionnels ».
Source : REuters