Un essai publié il y a plus de 70 ans par un officier de la police militaire japonaise nommé Masahiko Amakasu, retrouvé récemment par Masaru Nishida, montre l’admiration de l’auteur pour Ichiyô Higuchi, première écrivain professionnelle de la littérature moderne japonaise.
Ichiyô Higuchi a écrit un nombre limité d’œuvres mais est reconnue pour la qualité de ses ouvrages et comme étant la première écrivain de la littérature moderne japonaise. À ce titre, elle est le visage représenté sur les billets de 5 000 yens depuis le 1er novembre 2004, devenant de ce fait, la deuxième femme à figurer sur un billet de banque après l’impératrice Jingo en 1881.
Les œuvres de Higuchi sont consacrées aux malheurs des femmes, mais ont aussi pour thème la solitude, l’amour perdu et la pauvreté. Pour exemple, Takekurabe a pour principaux personnages des enfants grandissant à côté de Yoshiwara, quartier connu pour la prostitution autorisée à Edo, ancien nom de Tôkyô, et qui en grandissant perdent la liberté dont ils jouissaient quand ils étaient enfants.
L’essai de Masahiko Amakasu nommé Le journal d’Ichiyô Higuchi et publié en 1942 dans le magazine Josei Manchu dans le nord de la Chine en Mandchourie fait éloge de « la noblesse de Higuchi ».
Masahiko Amakasu était lieutenant dans la police militaire quand il a dirigé une équipe chargée d’arrêter les anarchistes Sakae Osugi et Noe Ito, ainsi que le neveu de Osugi âgé de six ans.Ces arrestations ont eu lieu après le grand tremblement de terre de 1923, de peur que les anarchistes tentent renverser le gouvernement. Les trois anarchistes ont ensuite été battus à mort et leurs corps jetés dans un puits. Amakasu a été condamné à la prison de 1923 à 1926 et fut par la suite, impliqué dans diverses manœuvres pour l’armée japonaise et a notamment contribué à la fondation du Mandchoukouo, état fantoche mis en place dans la Chine du Nord.
Pour Masaru Nishida, c’est une chance rare d’étudier la relation entre la littérature et le fascisme japonais. En effet selon lui, la vague anti-coréenne et « l’incident Amakasu » après le tremblement de terre de 1923 représente « la première vague de fascisme japonais ». Elle sera suivie par une seconde qui est la fondation du Mandchoukouo.
Dans cet essai, Nishida déclare qu’Amakasu ne montre pas seulement qu’il est un fasciste impérialiste convaincu mais aussi un observateur aigu de ses contemporains.
Cet essai sera de nouveau publié accompagnés des critiques de Nishida dans le Subaru Magazine.