Vous travaillez actuellement sur Au fil du Nô et du Butoh, qui sera présenté à Paris le 28 avril. Maître Kawara, est ce que vous pouvez nous expliquer ce que sont les arts du nô et du butô ?
Vous pouvez nous en dire plus sur ce spectacle ?
Françoise Jasmin : On sera deux sur scène. Maître Kiyoshi Kawara chantera et jouera du kotsuzumi (ndlr : petit tambour d’épaule) et moi je danse. Je danse sur des intentions. C’est une pièce de nô, l’histoire de Shite, exprimée à travers une danse butô. Le spectacle est construit en plusieurs tableaux, inspirés de sculptures. Dans le nô il n’y a pas de chronologie, c’est une idée qui me plaît. Je serais habillée de kimono antiques de Kanazawa, qui ont été choisis par maître Kawara. Le mouvement est conditionné par la fragilité de ces kimono.
Un échange avec le public est prévu à la fin du spectacle. Peut-on apprécier le butô sans le comprendre ?
Françoise Jasmin : C’est une création à priori atypique, exotique. Nous, on veut tout mettre en œuvre pour que le public y trouve quelque chose de familier, que ça raisonne en eux. Le butoh est à la portée de tout le monde, c’est un retour à l’essentiel, il parle de l’expérience de vie, de rencontres. On a cette volonté de rapprocher les cultures. Je n’ai jamais prétendu que mon butô est japonais. C’est un butô qui se veut universel. Je pense qu’il faut dépasser ce côté exotique. Pour moi il rejoint l’idée de duende, dans le flamenco.
Kiyoshi Kazawara, vous travaillez à la promotion du nô en France, selon vous le nô a-t-il vocation à devenir universel ou êtes vous garant de la tradition japonaise ?
Kiyoshi Kazawara : Je ne sais pas s’il le nô a vocation à devenir universel, mais il est très peu connu en France. Pour comprendre et connaître la culture japonaise, le plus important est de la pratiquer, de la répéter plutôt que d’y réfléchir. Il en va de même pour le nô. On appelle okeiko les répétitions de la musique du nô, pendant lesquelles on est concentré sur soi-même en faisant des respirations abdominales. Cet entraînement physique permet d’échapper au stress. Dans ce sens, je pense que c’est une pratique qui peut être très bénéfique pour tous.