Malgré la hausse spectaculaire observée depuis six mois, les gérants de portefeuilles en actions considèrent que la Bourse de Tokyo reste la place financière la plus attrayante.
Les indicateurs économiques sont en effet bien orientés dans l’Archipel. Principale bonne nouvelle, la période de déflation semble enfin terminée. « Pour la première fois depuis dix ans, les prix à la consommation ont cessé de baisser. Ils devraient légèrement progresser « , avance Kiyohide Nagata, gérant d’Invesco Nippon Select Equity.
Le marché immobilier, lui aussi, a fini de purger ses excès. « A Tokyo, les prix sont repartis à la hausse, souligne Corinne Debech, responsable des gestions chez Crédit agricole Asset Management Japan. Tant dans le secteur résidentiel que dans l’immobilier de bureau, les taux de vacance sont au plus bas. »
Autre talon d’Achille de l’économie nippone, le système bancaire paraît assaini. Alors que la croissance japonaise est ressortie à 1,5 % par an entre 2002 et 2004. Bien sûr, la hausse des prix de l’énergie et des matières premières fragilise la reprise. Mais, de l’avis de nombreux gérants, leur impact est surestimé. « Le Japon est l’un des pays les plus économes en matière de dépenses énergétiques, explique Masato Degawa, responsable de la gestion chez Société générale Asset Management Japan.
L’éventualité d’un ralentissement de l’économie chinoise ne semble pas non plus inquiéter outre mesure. Pour la plupart des économistes, le Japon est entré dans une phase d’expansion durable. Avec l’arrivée à l’âge de la retraite de la génération du baby-boom, les entreprises risquent de manquer de main-d’oeuvre. Du coup, elles n’hésitent plus à accélérer les embauches et à investir massivement dans les nouvelles technologies pour améliorer leur productivité. En outre, les départs à la retraite stimulent la consommation intérieure, les jeunes retraités bénéficiant de pensions généreuses.
PRIVILÉGIER LA GESTION COLLECTIVE
Bien sûr, le Japon serait affecté par un ralentissement de l’économie américaine, son premier marché à l’exportation. Mais le principal risque semble plutôt résider dans une appréciation trop rapide du yen. En raison des incertitudes sur les changes, les gérants préfèrent généralement éviter les valeurs exportatrices. Ils recommandent en priorité d’investir dans les sociétés qui bénéficient de la reprise de la consommation intérieure, comme les banques, les assurances, les valeurs du bâtiment et travaux publics, les distributeurs spécialisés ainsi que les spécialistes du luxe, de la restauration et du tourisme.
Après six mois de hausse rapide, une consolidation semble cependant inévitable sur le marché japonais. C’est pourquoi il paraît prudent d’attendre un repli avant de prendre position. Compte tenu des spécificités du marché nippon, du risque de change et des frais élevés à l’achat et à la vente sur les actions japonaises, les particuliers souhaitant miser à la Bourse de Tokyo seraient avisés de le faire plutôt à travers la gestion collective. En effet, investir dans des sicav ou des fonds communs de placement (FCP) permet d’échapper au moins partiellement aux à-coups des marchés tout en offrant une diversification du risque.
La plupart des grands réseaux bancaires offrent désormais la possibilité de souscrire à moindre coût des sicav ou des FCP spécialisés dans le marché japonais. L’horizon d’investissement de ces produits est généralement compris entre trois et cinq ans.
Jérôme Porier
LeMonde.fr