Avec l’annonce mi-décembre que le nombre de nouveau-nés au Japon serait probablement inférieur à 1 million en 2016, une première depuis le début des relevés en 1899, un nouveau débat est apparu sur comment inverser la tendance, et surtout pour en trouver la cause.
À travers diverses mesures telles que l’augmentation des soins aux enfants et la réduction des heures supplémentaires excessives pour favoriser l’équilibre travail-famille, le gouvernement japonais cherche à relancer le nombre de naissances. Mais pour certains experts, le problème pourrait venir d’autre part. Cette nouvelle réveille ce qui a longtemps été ignoré et même considéré comme un tabou: l’infertilité masculine.
Le Dr. Teruaki Iwamoto, expert en infertilité masculine au Centre de Reproduction Humaine à Tôkyô, en collaboration avec Niels E. Skakkebaek, professeur au département de Reproduction et de Croissance à l’Université de Copenhague, a étudié la qualité du sperme de 1 559 jeunes hommes dans les villes de Kawasaki, Ôsaka, Kanazawa et Nagasaki. L’étude conclu que les hommes japonais semblent avoir un nombre de spermatozoïdes plus élevé que les hommes en Europe du Nord, mais légèrement plus bas que les Espagnols.
« Bien que nous ne sachions pas pourquoi le taux de natalité est si bas, il faut prendre en considération que peut-être une qualité de sperme insuffisante y contribue » indique le professeur Skakkebaek. « [Les journaux] blâment toujours le travail des femmes ou des facteurs sociaux. Mais ceux qui travaillent dans les traitements de l’infertilité savent que la stérilité a un rôle très important. »
L’inquiétude des deux spécialistes se porte surtout sur le fait que 10% des sujets étudiés avaient un nombre de spermatozoïdes inférieur au niveau de référence de l’Organisation Mondiale de la Santé, équivalent à 15 millions de spermatozoïdes par millimètre cube de sperme, soit un total de 39 millions de spermatozoïdes par éjaculation.
Bien que les causes exactes de ces problèmes d’infertilité soient inconnues, pour M. Skakkebaek l’industrialisation de nombreux pays après la Seconde Guerre mondiale et l’exposition accrue aux polluants chimiques, y compris des perturbateurs endocriniens (ED), ont peut-être contribué à nuire à la santé reproductive masculine.