La balance commerciale du Japon est repassée dans le vert en juin grâce à un rétablissement des exportations entravées par le séisme du 11 mars, mais l’avenir est rendu incertain par le manque d’électricité et les vicissitudes de la croissance mondiale.
La troisième puissance économique mondiale a engrangé en juin un léger excédent commercial de 70,7 milliards de yens (630 millions d’euros), son premier en trois mois, a annoncé jeudi le ministère des Finances.
Ce résultat a surpris les économistes qui ne s’attendaient pas à un retour dans le vert aussi rapide, d’autant que le Japon avait enregistré en mai le deuxième plus lourd déficit commercial de ses annales.
L’industrie nippone a en effet été désorganisée par le séisme de magnitude 9 et le tsunami géant qui ont dévasté la région du Tohoku (nord-est) le 11 mars. Des usines de fournisseurs des deux gros secteurs exportateurs (l’automobile et les semi-conducteurs) ont notamment été endommagées.
Perturbé, le commerce extérieur nippon a dégagé en juin un excédent dix fois moindre qu’un an plus tôt.
Mais après avoir chuté de plus de 10% en avril et mai sur un an, les ventes japonaises vers l’étranger n’ont baissé que de 1,6% en juin par rapport à celles du même mois de 2010, atteignant 5775,9 milliards de yens (51,6 milliards d’euros).
Les exportations de semi-conducteurs ont certes encore plongé de 17,1%, quasiment au même rythme que le mois dernier, mais celles de voitures n’ont ralenti que de 14,4%, trois fois moins qu’en mai.
Le secteur de l’automobile s’est en effet mobilisé pour aider ses fournisseurs de pièces détachées à relancer leur production, envoyant du personnel prêter main-forte aux employés locaux. La production dans l’archipel revient depuis peu à peu à ses niveaux d’avant la catastrophe.
Les ventes de machines ont en outre progressé en juin (+11%), notamment vers la Chine et les Etats-Unis, les deux principaux partenaires commerciaux du Japon.
« Les exportations pourraient être bridées à l’avenir par les conséquences des économies d’électricité et par une croissance moins vigoureuse en Chine et mitigée aux Etats-Unis », a toutefois prévenu Daiju Aoki, économiste à la banque suisse UBS.
Les usines des principales régions industrielles sont en effet contraintes de réduire jusqu’à 15% leur consommation de courant pendant l’été, un ordre gouvernemental destiné à éviter des coupures d’alimentation.
Moins d’un tiers de 54 réacteurs de l’archipel fonctionnent actuellement, les autres ayant été arrêtés à cause d’un séisme ou par précaution depuis l’accident nucléaire de Fukushima (220 km au nord-est de Tokyo), provoqué par le tsunami.
De ce fait, les compagnies d’électricité sont sous tension pour assurer un approvisionnement suffisant pendant les chaleurs estivales qui entraînent l’utilisation massive des climatiseurs. Elles ont dû augmenter leurs importations d’énergie fossiles pour élever la production de leurs centrales thermiques.
Le Japon a ainsi acheté 10,6% de gaz naturel liquéfié de plus, payé de surcroît à un tarif supérieur. La facture pétrolière a bondi d’un tiers, tirée par la flambée des cours du brut en lien avec les événements au Moyen-Orient et l’augmentation des besoins des pays émergents.
Au final, les importations nippones ont grimpé de 9,8%, à 5705,2 milliards de yens (51 milliards d’euros).
« Elles devraient continuer à progresser à cause de la demande croissante en énergie », selon M. Aoki, d’autant que le gouvernement a exigé des tests de résistance sur tous les réacteurs du pays qui vont retarder le redémarrage des installations suspendues.
Avec ces importations gonflées et des exportations « en reprise progressive », M. Aoki s’attend à voir « la balance commerciale rester entre deux eaux » dans les mois à venir.
Un redécollage limité du commerce extérieur constituerait une mauvaise nouvelle pour la croissance du Japon, fortement dépendante des exportations. Heurtée par la triple catastrophe du 11 mars, l’économie nippone est entrée en récession lors du premier trimestre 2011.