Le Premier Ministre Shinzô Abe a dévoilé son nouveau gouvernement la semaine dernière et la présence croissante de femmes en tant que ministre ou membre du Cabinet a largement été remarquée par l’opinion et les médias. Cette décision de donner plus de visibilité et de pouvoir aux femmes a visiblement plu aux citoyens japonais, et en particulier aux Japonaises.
Le ratio de femmes dans le gouvernement est passé de 11% à 28% (avec 5 femmes en tant que ministre, mais on est encore loin de la parité), ce qui a permis au Japon de faire un bond dans le classement de l’égalité des genres au sein des gouvernements, de la 124e à la 39e place. Avec ce résultat, Shinzô Abe n’est donc pas loin du taux de 30% de femmes qu’il avait pour objectif avant le remaniement.
Selon un sondage, les citoyennes japonaises ont particulièrement apprécié cette initiative de la part du Premier ministre, avec 59% des sondées satisfaites de l’augmentation du nombre de femmes dans le nouveau cabinet gouvernemental, contre 51% des hommes. Toutefois, ces résultats sont à nuancer avec une autre question : est-ce que les Japonais sont confiants quant à la politique menée par Abe pour promouvoir un rôle plus actif des femmes dans la société ? A ceci, les avis sont partagés entre 40% qui ont répondu oui et 42% qui ne sont pas aussi optimistes sur ce point. On remarquera que pour 36% des hommes qui répondent oui (quasiment le même résultat qu’en août), 44% des femmes sont positives, un bond de 6 points par rapport au sondage du mois dernier.
Le gouvernement peut être satisfait car ce remaniement a aussi joué sur le taux de sa popularité. Si celui-ci était relativement bas en août du côté des femmes avec 36% de satisfaction, 44% sont maintenant recensées. (49% pour les hommes, nombre inchangé depuis le dernier sondage)
Cependant, certaines personnes élèvent la voix contre les femmes choisies en tant que ministres. C’est le cas de Midori Ito, à la tête du Centre d’action pour les femmes salariées, qui souligne les opinions politiques des nouvelles venues sur les questions d’égalité des genres : «Elles sont peut-être des femmes, mais si on se base sur leurs paroles et leurs actions dans le passé, il y a beaucoup d’éléments qui vont à l’encontre de la tendance égalitariste souhaitée».
Elle mentionne notamment Sanae Takaichi, la Ministre de l’intérieur, Haruko Harimura, la Ministre d’État de la promotion de la participation active des femmes, et Eriko Yamatani, Ministre d’État chargée de s’occuper des problématiques liées à l’avortement. En effet, ces femmes sont partie intégrante d’un groupe de politiques qui soutient un mouvement conservateur, Nippon Kaigi, qui s’oppose à l’égalité homme-femme. De plus, certaines d’entre elles ont émis leur réticence à voir les femmes choisir elles-mêmes si elles souhaitent conserver leur nom de famille après le mariage (alors même que Takaichi a conservé le sien pour sa carrière politique). Pour d’autres, leurs positions sur l’avortement et les besoins de contraception sont encore peu claires.
Malgré cela, il faut espérer que leur présence dans le gouvernement influera sur une politique positive à l’égard de la place des femmes dans le monde du travail et que cela leur permettra de s’affirmer. Les résultats des récents sondages prouvent que cela est positif, mais il reste encore beaucoup de choses à accomplir, comme le montre la 104e place du Japon dans le classement de l’égalité des genres de 2013.
« dans le classement de l’égalité des genres de 2013 » et hop! Un petit coup de novlangue constructiviste.
Mais…je croyais qu’au Japon, l’opinion n’existait pas…!!