TOKYO (AFP) — « Attention alerte séisme dans cinq secondes : quatre, trois, deux, un… séisme ! » : depuis lundi, les Japonais peuvent être alertés de l’arrivée d’un violent tremblement de terre quelques instants avant qu’il ne survienne, grâce à un dispositif unique au monde.
Ces alertes, auparavant réservées aux institutions, aux centrales nucléaires ou encore aux compagnies de chemins de fer, seront désormais diffusées par les médias et par des hauts-parleurs dans les lieux publics.
L’alerte peut aussi retentir dans chaque domicile, grâce à des services spécifiques associés à des appareils proposés par les fabricants d’électronique, les sociétés de sécurité, les gérants d’immeubles et autres prestataires.
Fruit de longues années de recherches, le système a été mis au point par l’Agence météorologique japonaise, dans un pays qui subit chaque année environ 20% des séismes les plus violents enregistrés dans le monde.
Il est basé sur la différence entre les vitesses de propagation des deux types d’ondes émises lors d’un séisme.
Les centaines de sismomètres de l’Agence disséminés dans l’archipel détectent ainsi les premières ondes inoffensives (appelées « P ») qui précèdent les vibrations (appelées « S ») susceptibles de causer des dégâts.
Se propageant presque deux fois plus vite, les ondes « P » peuvent parfois être détectées quelques dizaines de secondes avant l’arrivée des destructrices ondes « S », ce qui permet de sonner l’alerte juste avant le séisme.
Même si ce laps de temps est très limité, il pourrait permettre de réduire fortement les dommages matériels et le nombre de victimes.
Seules quelques secondes sont en effet nécessaires pour arrêter un réacteur nucléaire, un train lancé à grande vitesse ou une grue en mouvement.
Quant aux particuliers, ils disposent de quelques précieux instants pour arrêter la gazinière (une cause majeure d’incendie lors des séismes), ouvrir la porte d’entrée, s’éloigner des meubles instables et se réfugier sous la table.
Seules les alertes concernant les secousses majeures seront adressées au grand public, pour éviter de semer continuellement la panique dans un pays où les petits tremblements de terre sont extrêmement fréquents.
L’Agence météorologique a en outre publié divers documents pour bien faire comprendre le système et expliquer ses limites.
Selon Kimiro Meguro, spécialiste des dispositifs de secours urbains à l’université de Tokyo, le nombre de victimes des séismes pourrait être réduit de 90% si les gens disposaient de dix secondes pour se préparer.
Mais « nous devons nous interroger sur la façon dont les gens vont réellement utiliser cette information », prévient-il, en conseillant à chacun d’avoir une idée très claire des gestes qu’il fera quand l’alerte retentira.
« Il faut imaginer à l’avance la situation dans laquelle on va se trouver en fonction du jour et de l’heure, et prévoir la façon d’utiliser efficacement les secondes qui séparent l’alerte des secousses », explique-t-il.
Pour bien réagir, « il faut même imaginer sa propre mort », insiste-t-il.
De nombreuses sociétés ont développé des terminaux de réception spécifiques.
Matsushita va ainsi ajouter la fonction « alerte séisme » à ses vidéophones de porte ou centrales d’alarme. Des câblo-opérateurs vont aussi proposer un boîtier spécial.
Quant à la filiale de construction immobilière du groupe électronique Sanyo, elle a conçu une maison entièrement équipée avec ce système. Lorsque l’alerte retentit, le gaz se coupe automatiquement, les lumières s’allument et les rideaux se ferment pour empêcher les projections d’éclats de verre.
Source : AFP