Ceux qui apprennent le japonais savent que les kanjis ont deux types de prononciation, la prononciation KUN (訓) et la prononciation ON (音). Même s’il y a des exceptions, on utilise généralement la première quand le kanji est isolé et la seconde lorsqu’il est associé à un autre kanji.
Certains préconisent d’apprendre les kanjis sans leurs prononciations (par exemple avec la méthode Remembering the kanji de Heisig – ou Des kanjis dans la tête de Y. Maniette pour la version française), d’autres de les apprendre avec toutes leurs prononciations. Je suis en désaccord avec les uns comme avec les autres, car il me semble bien plus efficace d’apprendre les kanjis et leurs prononciations en même temps, mais dans leur contexte, lorsqu’on les trouve dans un texte : cela permet de se concentrer sur les prononciations vraiment utiles, de comprendre leur usage, et au bout d’un certain temps d’être capable de deviner la prononciation de mots que l’on ne connaît pas (pas tous néanmoins). Comme j’en ai déjà longuement parlé ici, je ne vais pas revenir là-dessus.
Ce que je voulais évoquer aujourd’hui, c’est la façon dont on peut deviner la prononciation ON de kanjis que l’on ne connaît pas. Attention, cela ne vaut que pour la prononciation ON. Vous avez sans doute remarqué que certains kanjis servent de composants à d’autres kanjis. Dans un kanji composé de plusieurs éléments, il y en a souvent un qui donne la prononciation (là encore, il y a des exceptions). C’est en repérant cet élément qu’on peut éventuellement deviner la prononciation d’un kanji que l’on ne connaît pas.
Prenons par exemple le kanji 工, qui signifie artisanat, travail, industrie, et qui se prononce souvent こう. On le retrouve dans les kanjis suivants : 功 (effort, succès)、攻 (attaquer)、貢 (financer, contribuer). Tous se prononcent こう.
Autre exemple avec 青, qui désigne la couleur bleue (あおい) et dont l’une des prononciations ON est せい. La plupart des kanjis utilisant 青 comme composant se prononcent aussi せい (toujours pour la prononciation ON). C’est le cas de 清 (purifier)、精 (énergie vitale, esprit)、晴 (éclaircie, temps dégagé)、請 (solliciter).
On peut faire cet exercice pour de très nombreux kanjis. En voici encore quelques exemples en vrac :
- les kanjis contenant le kanji 同 (identique), se prononcent どう : 銅 (cuivre)、胴 (tronc d’un corps, fut)、洞 (grotte)
- les kanjis formés avec 交 (échange) se prononcent généralement こう : 効 (efficacité)、校 (école)、郊 (banlieue)、絞 (serrer, étrangler)…
Cela fonctionne aussi si l’élément commun n’est pas en lui-même un kanji. Par exemple, 敵、適、摘、滴 ont tous un éléments commun, composé de 立+冂 +口 et se prononcent tous てき。
Je rappelle que cela ne concerne que les prononciations ON, et qu’il y a évidemment des exceptions. Par exemple, si 較 peut se prononcer こう, comme les autres kanjis avec 交, sa prononciation ON la plus courante est かく. Malgré ces limites, il est intéressant de repérer ces éléments et ces prononciations communes, car c’est un des seuls moyens de deviner la prononciation d’un kanji que l’on ne connaît pas. De plus, cela facilite la mémorisation. Je pense que beaucoup de méthodes de bachotage (pour le JLPT par exemple) s’amusent à recenser tout cela, mais le plus simple est encore de faire ses propres observations.それでは、また、お楽しみに。