Il subsiste en France un fond de galanterie: les hommes tendent à laisser les femmes passer devant, à tenir les portes et à porter les valises. Au Japon, c’est presque exactement le contraire. Ce sont les femmes et les jeunes filles qui tiennent les portes, qui remplissent obséquieusement les verres, et qui bien souvent, font les tâches pénibles. Chez les jeunes, il n’est pas rare que cette distinction des rôles se mette en place dès le début de la relation, la jeune fille préparant les repas de son petit copain ou lui faisant ses courses, par exemple.
La plupart des jeunes Japonais vivent leurs premières relations amoureuses significatives à l’université ou en entrant dans le monde du travail. La drague de supermarché ou de boîte de nuit étant très rare au Japon, le plus souvent ces relations s’établissent à travers des processus de groupe. Le gôkon (de gôdô kompa, “rassemblement de compagnons”) est une sortie destinée à mettre en contact des garçons et des filles. Dans le monde du travail, c’est la nomikaï (“soirée à boire”) qui permet de rapprocher les collègues hommes et femmes.
Quand on parle avec des Japonais de la question amoureuse, le thème du mariage surgit rapidement, alors que c’est rarement le cas avec des Français. En effet, même si les jeunes Japonais savent qu’une relation n’est pas nécessairement destinée à durer, l’idée du mariage constitue à la fois le contrat tacite et l’objectif idéal de la relation. Cette conception a pour effet secondaire que beaucoup de jeunes Japonais rechignent à prendre des risques en amour. Les relations qui se terminent sont plutôt vues comme des échecs sur la route du mariage. Pour cette raison sans doute, la déclaration (kokuhaku) a beaucoup d’importance pour les jeunes femmes japonaises. Par contraste, les Françaises demandent rarement que la relation amoureuse soit confirmée par des mots.
La plupart des jeunes n’utilisent pas de contraceptif. Curieuse caractéristique de la vie amoureuse japonaise, environ un premier enfant sur trois naît de cette imprudence volontaire.
Enfin, notons qu’une proportion importante d’hommes et de femmes sont, dès la jeunesse ou après, hors du circuit de la vie amoureuse. La cause principale en est peut-être le perfectionnisme qui caractérise les attentes modernes en matière de mariage (et donc de relation amoureuse). En effet, beaucoup de jeunes Japonais briguent une conjointe belle et bien faite, de haut niveau d’étude, mais prête à se consacrer aux tâches de la maison… De leur côté, beaucoup de femmes cherchent un homme riche, de bonne éducation, grand, et pensent que ummei (le destin) va le mettre tôt ou tard sur leur route.
Pour en savoir plus : Jean-Luc Azra (2011) «Les Japonais sont-ils différents?» (Éditions Connaissances et Savoirs)
Cet article est très occidentalisé dans ses propos et mélange tout… Parler de mariage et d’amour est un non sens au Japon.
L’amour au sens occidental n’existe pas au Japon. La vie de couple n’existe d’ailleurs pratiquement pas au Japon.
Merci de votre commentaire, Stéphane.
Que voulez-vous dire par « occidentalisé dans ses propos »?
par ailleurs, en quoi parler de mariage et d’amour est-il un non-sens au Japon? Ça paraît difficile de nier qu’il y a des mariages, de l’amour, et une question de l’amour hors-mariage et dans le mariage…
En fait, je suis bien d’accord que l’amour au sens occidental (sous réserve de le définir) est différent de l’amour au sens japonais, mais en quoi en l’article dit-il autre chose? J’y parle certes de la « vie amoureuse », terme générique pour désigner des relations entre deux personnes, jeunes, encore non-mariées, mais pas de « l’amour »…
Je pense aussi que vous voulez dire « La vie EN couple n’existe pratiquement pas au Japon » (la vie de couple existe évidemment, puisqu’il y a, entre autres, des mariages). Et encore une fois, c’est une question que l’article n’aborde pas…
tant qu’il des naissances il ya des couples c’est une légande depuis ADAM
lire avec profit le livre de Claude Habib : « Galanterie française » (un titre qui fera hurler les féministes).
En fait tsukiau veut plutôt dire, être en compagnie de quelqu’un ou fréquenter quelqu’un, ce qui n’a rien à voir avec la vie amoureuse. Il s’agit seulement d’être avec quelqu’un qui vous convient.
je rejoins partiellement le premier commentaire en disant que l’amour dans le sens que lui donne la littérature française n’existe pas traditionnellement au Japon, MAIS cela fait bien longtemps que le Japon n’a plus de culture autarcique et la conception » occidentale » de l’amour a quand même pénétré la culture japonaise contemporaine.
Ainsi aujourd’hui on ne peut plus dire que « l’amour » n’existe pas au Japon mais qu’il existe une version japonaise de ce que la culture occidentale appelle l’amour.
Le Japon comme d’habitude a fait un mélange entre les apports étrangers et la culture indigène.
Je ne suis pas d’accord avec Stephane, le mariage existe au Japon. Il existe dans au sens social, c’est à dire par l’annonce à la société qu’il existe un lien officiel entre un homme et une femme qui n’est pas de la même famille.
Quant à la vie du couple, elle ne m’a pas l’air trop différente de celle que l’on trouve en France, encore une fois il convient de ne pas trop généraliser à partir d’exemples particuliers.
C’est vrai par contre que si l’on s’en tient aux statistiques, il y a beaucoup plus de célibataires au Japon qu’en France mais cela à plus de rapport avec les conditions de vie, de travail et la politique familiale du gouvernement qu’avec le voeux des Japonais pour trouver quelqu’un avec qui fonder une famille car au Japon fonder une famille ne se fait en général pas sur un coup de tête ni sur un coup de coeur.
Une famille au Japon doit être comme une entreprise privée, c’est à dire autonome financièrement, ce qui n’est pas le cas en France pour une majorité de familles qui ne vivent que grace aux aides de l’Etat, c’est à dire à la charge de toute la société. La gratuité n’existant pas.
Ainsi au Japon,en général, le salaire du mari conditionne la fondation et la marche de la famille bien que de plus en plus deux salaires soient nécessaires. C’est bien pour cela que les femmes sélectionnent les candidats rigoureusement, ce qui est tout à fait normal.