TOKYO (AFP) — Le conservateur modéré Yasuo Fukuda, 71 ans, a été investi mardi au poste de Premier ministre du Japon par le Parlement à la place du nationaliste Shinzo Abe qui a brusquement démissionné à la suite de scandales en série et d’ennuis de santé.
M. Fukuda a été nommé chef du gouvernement par la Chambre des députés, malgré un vote défavorable du Sénat contrôlé par l’opposition. Au Japon, le vote des députés s’impose en ultime recours à celui des sénateurs.
Homme du sérail, discret et pondéré, M. Fukuda avait été élu dimanche président du Parti libéral démocrate (PLD), la grande formation de droite au pouvoir au Japon depuis un demi-siècle, ce qui l’assurait automatiquement de devenir Premier ministre.
Il devait être officiellement intronisé dans ses fonctions dans la soirée au cours d’une brève cérémonie devant l’Empereur Akihito du Japon, avant d’annoncer dans la foulée la composition de son équipe ministérielle. Selon les médias, le ministre des Affaires étrangères sortant Nobutaka Machimura devrait se voir confier le portefeuille stratégique de numéro deux et porte-parole du gouvernement.
Il pourrait être remplacé par l’actuel ministre de la Défense Masahiko Komura qui, à l’instar de M. Fukuda, est un sinophile, partisan du réchauffement diplomatique avec Pékin.
Toujours selon les médias, le portefeuille de la Défense devrait être attribué à Shigeru Ishiba, un spécialiste des questions de défense, partisan d’un rôle diplomatico-militaire accru du Japon à l’étranger.
La plupart des autres ministres devraient être confirmés dans leurs fonctions, selon les pronostics de la presse et des analystes.
M. Fukuda arrive au pouvoir en pleine tourmente politique, après le brusque départ le 12 septembre de Shinzo Abe, dont le mandat de moins d’une année a été miné par des scandales financiers et des bévues à répétition.
Hospitalisé le lendemain de sa démission pour des problèmes gastriques liés à l’épuisement et au stress, M. Abe a brièvement quitté sa chambre mardi pour présider son dernier conseil des ministres et participer au vote de la Chambre.
La tâche qui attend M. Fukuda est difficile : majoritaire au Sénat, l’opposition de centre-gauche a l’intention d’utiliser sa capacité de blocage pour forcer des élections législatives anticipées.
Si l’échéance normale est respectée, les prochaines législatives doivent avoir lieu en septembre 2009. Mais beaucoup d’observateurs s’attendent à un scrutin anticipé dès l’année prochaine.
« Je ne pense pas que le gouvernement Fukuda puisse durer très longtemps avec un Parlement divisé. Des élections anticipées seront inévitables, probablement au printemps prochain » après le vote du budget, a prédit le politologue Jiro Yamaguchi. A 71 ans, M. Fukuda est le chef de gouvernement le plus âgé depuis 1991. Il remplace le plus jeune de l’après-guerre, M. Abe ayant 53 ans.
C’est la première fois dans l’histoire du Japon qu’un père et son fils sont Premiers ministres. Takeo Fukuda, le père de Yasuo, avait été le chef du gouvernement il y a plus de trente ans.
Source : AFP