Parmi les dizaines d’expositions qui se déploient dans toute la ville lors des Rencontres de la photographie, on peut croiser le pays du soleil levant, soit en tant qu’inspiration soit à travers le travail de certains photographes japonais.
Mauvais genres créée autour de la collection de S. Lifshitz interroge les clichés d’hommes et femmes travestis sur près d’un siècle. Si ces photos sont quasiment toutes occidentales, une section est consacrée aux images d’acteurs kabuki, donc à celles d’onnagata, ces hommes qui depuis des lois du XVIIe siècle se consacrent aux rôles féminins et qui se doivent d’incarner l’essence de la féminité. Quelques grands rôles comme Yaegakihime ou la sorcière Yamanba sont évoqués au travers des photos du début de l’ère Meiji, dans des poses et postures caractéristiques des personnages.
La Chapelle du Méjan, dans Pas de deux, présente quelques travaux de W. Klein et Eikoh Hosoe autour de la figure de Kazu Ono, cofondateur du butô. Mouvement de danse contemporaine, en partie lancée par Mishima, le butô nait à la fin des années 50 en réaction à la violence de la Seconde Guerre Mondiale et à celle de la bombe atomique, partant du principe que les arts traditionnels n’étaient pas en mesure de traduire de tels traumatismes. Ces artistes vont ainsi interroger le lien entre photographie et performance : Klein intègre le mouvement, le flou dans ses clichés alors que Eikoh mettra en scène le danseur et fera du cliché une image qui bouscule les codes et les corps par une recherche expressive qui oscille entre le tragique et le grotesque.
Enfin, c’est le monde des esprits qui évolue dans l’église des Trinitaires avec Yokainoshima de Ch. Fréger. Cette ile des esprits, c’est bien sûr le Japon que le photographe a arpenté à la recherche des costumes traditionnels utilisés durant des fêtes et festivals de purification ou de fertilité. Fréger ne recherche pas la vérité des usages : il préfère s’amuser avec ces monstres aux masques et aux accessoires outranciers, évoquant un monde à la fois mystérieux et fascinant qui s’impose au public à la manière des fantômes de notre enfance qui viennent hanter le paysage et le quotidien.
Plus d’informations :
- Date : jusqu’au 28 août 2016
- Site : www.rencontres-arles.com