Selon l’Agence de la famille impériale, l’empereur Akihito envisagerait la possibilité d’abdiquer en faveur de son fils aîné, le prince héritier Naruhito. Ce serait la première fois qu’un empereur japonais abdique depuis plusieurs centaines d’années.
Cela fait des années que le 125e empereur japonais Akihito, âgé de 82 ans, exprime son désir d’abdiquer, que ce soit lors de ses voyages à l’étranger ou au Japon. Et il semblerait que ce souhait soit toujours d’actualité, même si aucun empereur japonais n’a abdiqué depuis 1817. Akihito a accédé au trône impérial à 55 ans, le 7 janvier 1989, suite à la mort de son père Hirohito. Cela a signé le début de l’ère Heisei actuelle (2016 étant la 28e année de l’ère Heisei).
Après avoir subit une chirurgie du cœur en 2012 et avoir été traité pour un cancer de la prostate, l’empereur Akihito a vu ses fonctions officielles réduites, y compris les rituels impériaux. Il a cependant continué à effectuer de nombreuses tâches gouvernementales comme il est stipulé dans la Constitution : visiter des endroits touchés par des séismes et autres catastrophes, visiter les chefs d’état étrangers, etc.
Ni l’Agence du Premier ministre ni celle de la famille impériale n’ont encore confirmé officiellement la potentielle démission de l’empereur. Cela pourrait être dû au fait que l’empereur japonais est défini dans la Constitution comme le « symbole de l’État », et ne peut de fait renoncer aussi facilement à ce titre. Selon les autorités, ce que l’empereur souhaite et le fait que ce soit possible sont deux choses très différentes.
L’Agence de la famille impériale devrait en effet étudier la création d’un statut spécial pour l’empereur retraité, mais aussi ajuster la loi de la maison impériale afin de pouvoir permettre cette abdication et de préparer la passation de pouvoir à son fils héritier Naruhito (56 ans). Mais ce procédé nécessiterait un débat parlementaire qui pourrait durer des années et dévier sur d’autres sujets compliqués, tels que le droit à la succession au trône impérial pour les femmes.
Le prince héritier Naruhito n’a en effet qu’une fille unique, or seul un homme peut hériter du trône impérial (ou « trône du chrysanthème »). La succession reviendrait donc à son frère cadet, le prince Akishino, puis au fils de celui-ci, Hisahito, 9 ans. Des discussions avait commencé sur le sujet du droit au trône pour les femmes, mais elles avaient été mises au placard à la naissance du petit Hisahito.
Avant l’arrivée de celui-ci, la famille impériale n’avait en effet pas eu de naissance de garçon depuis plus de quatre décennies, ce qui avait lancé le débat sur le droit de succession pour les femmes, un droit auquel s’opposent farouchement les traditionalistes désireux de préserver la lignée masculine qui remonterait, selon leurs dires, à plus de 2 000 ans.
Pour justifier son désir d’abdiquer, l’empereur invoquerait le fait que l’abdication d’un souverain, et l’accession au trône alors que le prédécesseur est encore en vie, sont monnaie courante dans d’autres pays. Cela ne s’est toutefois pas produit au Japon au cours de ces 200 dernières années, le dernier ayant été l’empereur Kokaku (1780-1817), qui abdiqua en faveur de l’empereur Ninko durant la période Edo (1603-1867). En effet, la Loi de la famille impériale éditée au cours de l’ère Meiji (1868-1912) n’autorisait pas l’abdication, et cela n’a pas été changé lors de sa révision après la Seconde guerre mondiale.
Au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue fin 2015, l’empereur Akihito a déclaré que « le nombre de cas dans lesquels [son] âge se fait sentir a augmenté ». « Dans certains cas, j’ai même fait des erreurs », a-t-il alors rajouté. Si Akihito venait à abdiquer, une nouvelle ère, au nom encore inconnu, commencerait alors.