Alors que les protestations se font toujours entendre à Okinawa concernant les avions Osprey, d’autres voix commencent à s’élever du côté des évacués de Fukushima basés dans la région.
De part leur expérience, ils préviennent les résidents locaux de ne pas tomber dans le piège de la dépendance des gouvernements centraux envers les subventions de l’Etat. En effet, le gouvernement a longtemps utilisé de tels moyens pour obtenir le consentement des villes qui accueillent des installations impopulaires telles que les centrales nucléaires et les bases militaires américaines. Une des villes qui en a subi les conséquences est celle de Minami-Soba, qui a été massivement désertée après l’accident de Fukushima, dont cette dernière est assez proche de la localité. Un évacué de Minami-Soba, qui a rejoint le mouvement de protestation contre les bases militaires américaines en septembre dernier, témoigne : « Alors que certains ont sûrement dû prospérer après avoir accordé l’installation d’une centrale nucléaire à Fukushima, tout le monde a souffert terriblement quand l’accident nucléaire a eu lieu. On peut dire la même chose pour Okinawa. On doit faire quelque chose avant qu’un autre accident n’éclate. »
Environ 700 évacués provenant de Fukushima et de ses alentours logent encore à Okinawa. Selon d’autres réfugiés, Fukushima continuera à se battre contre la radiation. De nombreuses personnes qui en sont originaires se méfient maintenant du gouvernement qui leur avait assuré que les centrales nucléaires étaient sans danger et qui donnait au compte-gouttes des subventions pour garder leur économie en équilibre. En accord avec la ré-organisation des installations américaines sur le territoire japonais, le gouvernement central a aussi approuvé les installations militaires dans des zones isolées en échange d’avantages économiques aux gouvernements locaux, malgré les protestations.
Toutefois, certaines localités refusent ces subventions. La ville de Nago a arrêté de les recevoir après que Susumu Inamime, opposant à la relocalisation de Futenma, ait été élu maire. « Les subventions sont seulement payées sur une période de dix ans, dit-il. Si nous acceptons les bases militaires sur cette condition, nous serions coincés avec pendant 100 ans ! Si ça avait été le cas, on aurait dû courber l’échine comme les villes qui ont accepté l’installation d’une centrale nucléaire pour voir de nouveaux réacteurs se construire sans pouvoir rien faire. Les habitants sont conscients que ce ne sont que des freins à l’économie locale des communautés qui tentent de devenir indépendantes. »
Mais le gouvernement hésite sur la politique à suivre sur le nucléaire. Il souhaite aussi éviter de créer des problèmes avec les États-Unis. Le secteur industriel ne peut pas non plus abandonner les avantages que lui procure les installations de centrales nucléaires. Avec un gouvernement incapable de prendre des décisions, l’idée d’un « Japon qui ne peut pas changer » a émergé dans certaines régions, laissant les résidents proches des bases militaires et des centrales nucléaires en payer le prix, malgré l’opposition de plus en plus vivace.
Claire Bouyssou – sources : The Asahi Shimbun