Le 13 juillet 2016, la chaîne de télévision publique NHK annonça que l’empereur du Japon, dépourvu d’autorité politique, souhaitait se retirer dans les années à venir et transférer la souveraineté à son fils, le prince Naruhito. De quoi susciter une agitation médiatique, et une réaction de l’Agence de la maison impériale, organisme d’État en charge du protocole, qui opposa un démenti.
« Pour le gouvernement cela avait fait l’effet d’une douche froide », indique Hideya Kawanishi, maître de conférences à l’Université de Kôbe. « À mon avis l’Agence avait communiqué discrètement cette intention d’abdiquer au gouvernement, qui n’en a pas tenu compte sérieusement, ce qui explique le mécontente ment du côté de l’empereur », ajoute-t-il.
La NHK précisait à l’époque avoir recueilli l’information auprès d’informateurs bien placés. « Je pense que la fuite est le fait d’une personne liée à l’Agence de la maison impériale, qui a accordé de l’importance à l’intention de l’empereur », confie M. Kawanishi. « Dans le processus de décision politique, l’Agence s’efforce de refléter l’intention de la famille impériale », explique Akinori Takamori, historien et chargé de cours à l’Université Kokugakuin. Cette affaire a de quoi mettre l’accent sur la position périlleuse dans laquelle se trouve l’Agence. « Elle s’occupe directement de la famille impériale, connaît en détail ses pensées et est dans la position de répondre autant que possible à ses attentes », explique M.Takamori. « Cependant, puisqu’il s’agit d’un organisme installé dans les services généraux du Premier ministre, on ne peut s’empêcher de reconnaître qu’elle respecte au final l’appréciation du gouvernement, de manière institutionnelle », précise-t-il.
Que s’est-il passé suite aux révélations de la NHK ? « Le gouvernement a sans doute fait pression surle personnel de l’Agence », pense Hideya Kawanishi. Le suspense prit fin moins d’un mois plus tard, le 8 août, lorsqu’Akihito fit part de son désir d’abdiquer. « Dans l’avenir, je pense que presque tout avancera dans le sens de l’opinion du gouvernement, mais lorsque l’avis de l’empereur, soutenu par la nation, s’écartera, l’Agence de la maison impériale pourrait le refléter », estime M. Kawanishi.