Après que les voix des lesbiennes, des gays, des transgenres/transsexuels et des bisexuels (LGBT) se soient fait entendre ces dernières semaines dans les médias, le Premier ministre Shinzô Abe a voulu réagir et confirmer sa position conservatrice sur le sujet : le mariage gay n’est pas à l’ordre du jour.
Selon Abe, la Constitution elle-même ne peut pas garantir le mariage entre individus de même sexe, en se basant sur l’article 24 : « Le mariage doit être basée uniquement sur le consentement mutuel de chaque sexe ». Le Premier ministre a rajouté que « la Constitution a été écrite sans que le mariage entre personnes de même sexe ne soit considéré à l’époque ». Selon lui, c’est un sujet complexe car il remet en cause le modèle de la famille tel qu’il est dans la société japonaise actuelle.
Cependant, d’après Masayuki Nakamura, spécialiste des lois sur la famille à l’université de Waseda à Tôkyô, refuser le droit aux personnes de même sexe de se marier est anti-constitutionnel. En effet, il se base sur ce même article 24, qui ne stipule en rien que le mariage est réservé aux personnes hétérosexuelles. Le but de cet article était, à l’époque, de se libérer du modèle féodal de la famille. Il n’y a eu aucun débat sur la question du mariage entre homosexuels. De plus, l’article 14 dit bien que « tous les citoyens sont égaux aux yeux de la loi et il ne peut y avoir de discrimination au niveau politique, économique et social basée sur la race, la croyance, le sexe, le statut social ou la famille d’origine ». En clair, nul besoin de modifier la Constitution pour autoriser le mariage gay.
Si la loi ne semble pas contre le mariage entre individus de même sexe, de plus en plus d’entreprises et de municipalités font aussi en sorte de faciliter la vie des LGBT. Le quartier de Shibuya à Tôkyô a même proposé un certificat de reconnaissance des couples gays, la première initiative du genre dans le pays.