Un tribunal du département de Fukui a émis, mardi, une injonction provisoire visant à bloquer le processus de remise en service des réacteurs no 3 et 4 de la centrale nucléaire de Takahama (centre). Cet ordre répond à la demande déposée par un groupe de neuf citoyens, indiquant que la Compagnie d’électricité du Kansai minimise la force maximale d’un séisme pouvant toucher la zone. L’exploitant entend faire opposition en vue de casser le jugement.
La nouvelle a fait l’objet d’une édition spéciale du grand quotidien national Asahi Shimbun, distribuée gratuitement aux passants mardi soir, à proximité des principales stations dans les grandes villes du pays. « Takahama : redémarrage interdit », pouvait-on lire en titre. C’est dire l’importance de cette décision judiciaire.
Le 12 février, l’Autorité de régulation du nucléaire (ARN) avait déclaré les deux réacteurs conformes aux nouvelles normes de sécurité, élaborées après l’accident de Fukushima. Il s’agissait de la seconde centrale à avoir obtenu ce feu vert, après celle de Sendai en septembre 2014. La sous-estimation de l’amplitude maximale des ondes sismiques avait déjà été évoquée parmi les opinions publiques recueillies fin décembre et début janvier.
Le gouvernement et les entreprises, qui souhaitent reprendre le chemin de l’atome pour réduire à la fois la dépendance énergétique, les coûts de l’électricité et les émissions de gaz à effet de serre, font face à des Japonais réticents. Selon le dernier sondage du quotidien Nikkei, réalisé le mois dernier, 62 % des personnes interrogées n’approuvaient pas le retour du nucléaire.
Le Japon est dans une période de zéro nucléaire depuis la fin septembre 2013. La reprise de l’activité à la centrale de Sendai (sud-ouest) n’est pas concernée par cette décision. L’ARN y procède depuis fin mars à l’examen des installations du réacteur no 1, une des dernières étapes du projet de redémarrage. L’exploitation commerciale n’est toutefois pas envisageable avant la fin de l’été 2015.