Contrairement à tout ce que les autorités japonaises ont pu affirmer, des armes nucléaires ont bel et bien été stockées sur le territoire nippon durant la guerre froide.

Un missile nucléaire américain Jupiter déployé pendant la guerre froide (© wikipedia/ US Army)
Un missile nucléaire américain Jupiter déployé pendant la guerre froide (© wikipedia/ US Army)

Dans une déclaration du Pentagone vendredi dernier, les États-Unis ont reconnu officiellement pour la première fois avoir déployé des armes nucléaires à Okinawa avant que l’archipel ne soit rétrocédé au gouvernement nippon en 1972.

La nouvelle qui viendrait saper le fondement même de la posture pacifiste du peuple japonais est à relativiser selon les autorités américaines. La présence d’armes de cette catégorie sur Okinawa serait en effet un secret de Polichinelle depuis bien longtemps.

En 1971, le Premier ministre Satô Eisaku a fait voter à la Diète les fameux Trois principes anti-nucléaires (Hikaku San Gensoku, 非核三原則). Ces principes, qui permettront à Satô d’obtenir le prix Nobel de la paix en 1974, prohibaient la production et l’importation d’armes nucléaires sur le territoire japonais et a toujours fait office de référence pour le peuple nippon dans son opposition totale à l’usage du nucléaire militaire. Malgré cela, les États-Unis affirment que des discussions ont été continuellement menées pour assurer l’introduction de missiles au Japon, dans le cas où une situation de crise surviendrait et justifierait ainsi leur déploiement (à l’image de la guerre froide lors des périodes les plus tendues entre l’URSS et les États-Unis).

De plus, dès 1990, la National Security Archive de l’université Georges Washington avait rendu public de nombreux clichés de l’US Air Force représentant les installations militaires américaines et les différents missiles stockés à Okinawa. Seulement personne n’avait remarqué la présence de ces photographies jusqu’à maintenant.

Cette officialisation ne peut qu’inquiéter un peu plus les habitants d’Okinawa qui font fréquemment l’actualité, contestant fermement la présence des bases américaines1 sur leur archipel depuis 1945. Dimanche, encore 28 000 personnes ont manifesté autour de la Diète pour critiquer la relocalisation de la base de Futenma dans le village d’Henoko, éternel bras de fer entre le gouvernement local et le cabinet du Premier ministre. La crainte d’héberger de nouveau des missiles nucléaires en cas de crise, va certainement conforter les habitants d’Okinawa dans leurs convictions, légitimer davantage leur mouvement de protestation et ainsi durcir le contentieux.

Hugo Pelet – Source : The Japan Times

(1 – Selon l’Ifri, près de 75% des bases américaines au Japon seraient situées sur l’archipel d’Okinawa)

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