Ce 3 mai, la Constitution japonaise a soufflé sa 68e bougie. Cela a été de nouveau l’occasion pour ceux qui sont pour une révision de la Constitution pacifique et ceux qui sont contre de ré-affirmer leurs positions.
Le gouvernement en place sait qu’il n’a pas l’avantage face à la population qui est toujours majoritairement contre la réforme. Ses membres rappellent ainsi que cette Constitution n’est pas issue de la volonté des Japonais mais a été imposée par les États-Unis lors de leur victoire sur le pays durant la Seconde guerre mondiale. Ils en concluent ainsi que cette réforme est obsolète et doit permettre d’adapter la Constitution aux besoins actuels de la société. Le Parti Libéral Démocrate (PLD) agite le spectre de la Chine de plus en plus conquérante, mais aussi de l’État Islamique, suite à la prise d’otages. Shinzô Abe, le Premier ministre, a besoin, selon la loi, des deux tiers de la Chambre basse et de la Chambre haute pour avoir la majorité du gouvernement derrière lui et cette réforme. Si la Chambre basse est de son côté et qu’il espère acquérir la Chambre haute d’ici l’été 2016, il doit aussi avoir l’approbation des citoyens japonais car un référendum est nécessaire. Un terrain miné, quand on sait que les opposants à la réforme de la Constitution sont encore majoritaires dans l’opinion publique.
Ces derniers ont d’ailleurs exprimé leurs craintes. Plusieurs rassemblements ont eu lieu, dont un réunissant 30 000 personnes au parc Rinko de Yokohama. Dans une autre manifestation d’un groupe activiste appelé « Comité anti-guerre », les participants ont brandi des pancartes et des bannières « Pas de guerre » et « Protégeons l’article 9 ». L’auteur Kenzaburô Ôe s’est quant à lui exprimé sur la possibilité d’une troisième Guerre Mondiale si la réforme d’Abe devait passer.
Les opposants à la réforme ont exprimé leurs inquiétudes vis-à-vis d’une ébauche de la nouvelle Constitution par le PLD en 2012 qui, selon eux, serait dangereuse au niveau des droits des citoyens et pour le maintien de la démocratie. De plus, la Constitution actuelle n’aurait eu de cesse d’être interprétée selon le bon vouloir des gouvernements successifs concernant l’article 9. Dernier exemple en date : Abe aurait réinterprété l’article en question pour permettre au Japon de défendre les États-Unis et d’autres forces armées étrangères, ce qui constitue un changement majeur, sans même modifier d’un iota la Constitution. Cette manœuvre a été plutôt vue d’un mauvais œil, touchant aux principes même de la démocratie selon les détracteurs de la réforme. Le scepticisme est donc toujours de rigueur parmi les citoyens japonais et les opposants. Mais les membres du gouvernement tentent par bien des moyens de faire changer d’avis la population.