Le mois dernier, nous avons eu l’honneur d’être reçus à l’Ambassade du Japon en France, et notamment par le nouvel Ambassadeur, son Excellence M. Masato Kitera. C’est avec enthousiasme qu’il entame une nouvelle aventure en France.

Le nouvel Ambassadeur du Japon en France, son Excellence M. Masato Kitera (© Adrien Leuci)
Le nouvel Ambassadeur du Japon en France, son Excellence M. Masato Kitera (© Adrien Leuci)

Tout d’abord, il est important de préciser que ce n’est pas la première visite de l’Ambassadeur en France, loin de là. M. Masato Kitera a même une relation toute particulière avec l’Hexagone, qu’il connait depuis sa plus tendre enfance. Il est arrivé en France à l’âge de six ans, après avoir suivi son père, lui-même déjà fils de haut-fonctionnaire, nommé Attaché d’Ambassade à Paris puis à Bruxelles. Devenu fidèle lecteur des journaux Tintin et Spirou grâce à ses séjours en France et en Belgique pendant son enfance, sa bande dessinée préférée reste les aventures du pilote Michel Vaillant par Jean Graton.

Ces fréquents déménagements entre le Japon et l’Europe l’ont obligé à changer de nombreuses fois d’école primaire, le poussant à s’adapter à chaque fois à un nouvel environnement. Peut-être est-ce grâce à cela que M. Kitera a acquis une plus grande conscience du monde qui l’entoure et des relations internationales. C’est en seconde ou troisième année à l’université que l’idée de devenir diplomate a germé. Après avoir intégré le ministère, M. Kitera a fait un passage à l’École Nationale d’Administration (ENA) en 1977 dans le cadre duquel il a effectué un stage de trois mois à la Préfecture de Dordogne en 1978 auprès du jeune et dynamique Préfet de l’époque, M. Gérard Bélorgey. Il sera donc la troisième génération de haut-fonctionnaires de sa famille.

Après un premier poste de Chargé des relations nippo-françaises au Ministère des Affaires étrangères du Japon, un autre à l’ENA puis à l’Ambassade du Japon en France, M. Kitera sera rappelé sur l’Archipel. Mais sa seconde mission à l’étranger signera son retour à Paris, en tant que membre de la délégation japonaise à l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE). Un peu plus tard, entre 2001 et 2002, il obtient le titre de Ministre de l’Ambassade du Japon en France, tout en étant chercheur invité à l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI) où il avait comme directeur l’actuel Président, M. Thierry de Montbrial.

Malgré ses liens importants avec la France, M. Kitera est aussi concerné par d’autres parties du globe, notamment l’Asie et l’Afrique. Vers la fin des années 80, il participe avec succès et passion au rétablissement de la paix et à la coopération économique au Cambodge. Il a ensuite été nommé jeune Directeur Adjoint du service de la Chine et la Mongolie en 1992, et après une quinzaine d’années, en tant que Directeur général de la coopération internationale (2008-2010), c’est avec enthousiasme qu’il a aidé à améliorer le niveau de vie des populations créant ainsi un lien fort entre le Japon et la Mongolie.

En 2008, il devient directeur général des Affaires africaines, et organise cette même année la quatrième Conférence Internationale de Tôkyô sur le développement en Afrique (TICAD IV). La TICAD est, à la base, une initiative japonaise commencée après la fin de la Guerre Froide, en 1993, lorsque le Japon a voulu attirer l’intérêt de la communauté internationale afin d’encourager le développement sur le continent africain. L’État japonais a alors demandé aux chefs d’États africains ainsi qu’aux dirigeants d’autres pays en développement devenus donateurs, comme la Thaïlande, et aux pays donateurs traditionnels de se réunir à Tôkyô pour discuter de l’économie et du développement du continent. Au départ, cette conférence se tenait tous les cinq ans, désormais elle a lieu tous les trois ans.

En 2012, M. Masato Kitera est soudainement nommé Ambassadeur du Japon en Chine dans un contexte où les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis 1972, date de leur normalisation. Pendant ses trois ans et demi en poste à Pékin, la situation change progressivement malgré les contentieux. Il travaille à construire de nouvelles relations dans lesquelles le Japon et la Chine doivent pouvoir s’exprimer tout en nouant des liens amicaux. Une bonne entente est importante pour les deux puissances, puisque environ vingt-trois mille entreprises japonaises sont actives sur le sol chinois ; ce qui représente plus de dix millions d’emplois.

Le 26 juillet 2016, M. Kitera remet sa lettre de créance au Président de la République française, M. François Hollande. Le nouvel Ambassadeur du Japon compte travailler à intensifier les relations nippo-françaises suite au partenariat d’exception initié par le Président Hollande et le Premier Ministre Shinzô Abe. En effet, les relations bilatérales n’ont jamais été aussi bonnes et se concrétisent notamment sur le plan économique.

Par exemple, à l’issue de la sixième TICAD, un événement réunissant les entreprises de nos deux pays pour une coopération au profit des partenaires africains a eu lieu débouchant sur des collaborations comme celle entre Mitsubishi Corporation et AEGIS pour un projet d’eau potable à Abidjan. Nous sommes donc bien loin de l’ambiance de confrontation des années 70-80 et de la nouvelle bataille de Poitiers de 1982, quand la France contrôlait l’importation des magnétoscopes japonais.

Aujourd’hui, les bonnes relations s’expriment également sur le plan culturel, l’Ambassadeur a par exemple pu constater « la fièvre » des jeunes pour son pays lors de sa visite en juillet dernier à Japan Expo.

Dans l’autre sens, on pense souvent que le marché japonais est difficile d’accès mais on y retrouve de nombreuses marques françaises, notamment dans le domaine du luxe. En tant que nouvel Ambassadeur, M. Kitera a pour ambition personnelle d’intensifier et d’améliorer la communication entre nos deux pays, que cela soit avec ses collègues de l’Ambassade ou avec le gouvernement.

Son Excellence M. Masato Kitera n’a peut-être pas réalisé son rêve d’enfant, devenir pilote de course comme son héros Michel Vaillant, néanmoins nous avons rencontré un homme très heureux d’avoir choisi sa profession et optimiste pour l’avenir des échanges entre nos deux pays.

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