Face à la forte résistance des législateurs du Parti Libéral Démocrate (PLD), le gouvernement japonais peine à interdire la cigarette dans les lieux accessibles au public. Le PLD défend entre autre « les droits des fumeurs et la nécessité de protéger l’industrie du tabac« .
Cette réticence à voter une loi antitabac, interdisant de fumer dans les lieux publics, pourrait toutefois entrer en contradiction avec un traité international de lutte antitabac signé par le Japon il y a de ça treize ans. Depuis 2004, ce sont 179 pays, dont l’Union européenne, qui ont adhéré à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (abrégé à FCTC pour son acronyme anglais). Le traité invite notamment les signataires à mettre en œuvre des mesures visant à prévenir le tabagisme passif dans les « lieux de travail, les transports en commun ou les lieux publics ».
Alors que d’autres pays ont été confrontés à des batailles similaires contre le tabagisme, la situation du Japon semble des plus complexes. Jusqu’en 1985, le seul fabricant japonais de cigarettes, Japan Tobacco, restait entièrement détenu par le gouvernement japonais. De nos jours, un tiers des actions du groupe appartiennent au ministère des Finances. Le gouvernement a ainsi touché plus de 70 milliards de yens en 2015 juste en dividendes sur les actions de Japan Tobacco. Quant aux gouvernements centraux et locaux, ils recueillent environ 2 billions de yens par an grâce aux taxes sur les cigarettes.
Des intérêts financiers qui entrent donc en contradiction avec la position du ministère de la santé, qui a pour mission de protéger le grand public des dangers du tabagisme.